«Pouls des places d'apprentissage Suisse» mesure l'impact de la pandémie de la Covid sur les entreprises formatrices et les apprentis
La l'EPF Zurich a lancé le projet de recherche «Pouls des places d'apprentissage» en collaboration avec la plateforme d'apprentissage Yousty. Des recherches mensuelles sont menées sur les effets de la pandémie Covid sur les entreprises formatrices et leurs apprentis actuels et futurs.
Par l’équipe de recherche «Pouls des places d'apprentissage»*
D'après l'Office fédéral de la statistique, 220'894 jeunes suivaient en 2019 une formation professionnelle duale. Selon le Baromètre des places d'apprentissage 2017¹, environ 162'000 jeunes adultes sont confrontés à la décision de choisir une voie du secondaire supérieur. Il s'agit donc d'un groupe de personnes pertinent pour assurer la relève des professionnels. Notre projet de recherche se concentre sur les groupes² suivants : premièrement les jeunes à la recherche d'un apprentissage (G1), deuxièmement les apprentis actuels qui ne sont pas en dernière année (G2), et troisièmement les apprentis qui sont sur le point de terminer leur apprentissage et qui recherchent un poste sur le marché du travail. Chaque mois, quelque 2'700 entreprises, qui forment quelque 25'000 apprentis, participaient à l'enquête.
Futurs apprentis – marché de l'apprentissage
Au cours des mois d'avril à septembre, nous avons pu démontrer pour le G1 que le marché de l'apprentissage fonctionne bien. Il n'y a qu'en Suisse latine qu'il y a un besoin de rattrapage. Cela est dû en partie au fait que cette région linguistique n'a commencé à recruter de futurs apprentis qu'au printemps dernier. Depuis août 2020, nous interrogeons les entreprises formatrices sur le nombre d'apprentissages proposés pour l'année suivante. Même s'il est encore un peu tôt pour porter un jugement, l'évolution depuis le mois d'août est légèrement préoccupante selon la figure 1, car le comportement de ces entreprises en matière d'offre a évolué de manière plutôt négative par rapport au début de l'apprentissage en 2020.
En liaison avec la deuxième vague du coronavirus, il faut s'attendre à d'autres faillites et pertes économiques. C'est pourquoi une attention particulière doit être accordée non seulement au marché des places d'apprentissage, mais aussi aux actuels apprentis. Cette crise les affecte de manière très différente selon le champ professionnel, comme le montrent les éléments suivants, ce qui peut conduire à une inégalité des chances.
Apprentis actuels
La figure 2 montre qu'en octobre, 92% (64% pendant le confinement en avril) des apprentis intégrés dans l'étude (G2, G3) ont pu terminer la partie pratique professionnelle de leur apprentissage comme d'habitude à leur poste de travail (sous réserve des mesures de protection prescrites); 6% (25% en avril) des apprentis ont dû travailler dans un autre département ou ont eu un engagement limité; 11% (37% en avril) travaillaient depuis leur domicile. Certains étaient également à la maison mais ne pouvaient pas travailler de manière productive. Au lieu de cela, 1% (23% en avril) ont reçu des devoirs et 0.2% (9% en avril) n'ont reçu aucune formation en entreprise³.
La situation de l'entreprise au début du confinement est largement revenue aujourd'hui à la normale. Toutefois, les données des derniers mois montrent les premiers signes d'une nouvelle aggravation de la situation en raison de l'augmentation du nombre d'infections au coronavirus, et donc que plus de jeunes vont devoir à nouveau rester à la maison et être soit en télétravail, soit improductifs.
On peut déjà deviner que de tels développements ne seront pas sans influence sur les certificats de fin d'apprentissage. Par exemple, sur une échelle de 1 (irrattrapable) à 5 (complètement rattrapable), les entreprises formatrices jugent la situation en octobre à une moyenne de 4.34 (formation en entreprise), 3.99 (formation scolaire) et 4.19 (cours interentreprises). Bien que l'on suppose qu'une grande partie du contenu de l'apprentissage peut encore être rattrapée, les employeurs s'attendent donc à des pertes durables jusqu'à la fin de l'apprentissage.
Apprentis à la veille d'entrer sur le marché du travail
Cette année, les classes terminales, qui sont à la veille d'entrer sur le marché du travail, ont été particulièrement touchées. Comme le montre la figure 3, les apprentis ont été moins nombreux dans la plupart des champs professionnels que l'année précédente à être engagés dans leur propre entreprise. Les différences entre les champs professionnels sont parfois considérables et montrent que la pandémie Covid affecte l'économie de manière très variable. Les champs professionnels les plus touchés sont ceux de «Achat/vente», «Construction» et «Métallurgie/ machines/horlogerie».
L'équipe de «Pouls des places d'apprentissage» continuera à suivre tous les mois l'évolution des entreprises formatrices et des jeunes, et informera rapidement les partenaires de la formation professionnelle des résultats afin que la Task Force «Perspectives Apprentissage 2020»4 en particulier puisse prendre les mesures appropriées.
Merci à toutes les personnes impliquées
Nous souhaitons profiter de cette occasion pour remercier toutes les entreprises formatrices participantes qui prennent le temps chaque mois de répondre à cette courte enquête. Dans les mois à venir, chaque réponse compte, car l'objectif est d'identifier les champs professionnels qui sont particulièrement touchés par la deuxième vague Covid et la manière dont les partenaires de la formation professionnelle peuvent introduire des solutions sur mesure sous la direction de la Task Force «Perspectives Apprentissage 2020» afin de réduire l'inégalité des chances.
Dans ce court article, nous n'avons pu décrire que quelques résultats. «Pouls des places d'apprentissage» présentera les résultats mensuels plus complets au cours d'un webinaire. Vous êtes cordialement invités à vous y inscrire via le site www.lehrstellenpuls.ch. En outre, les organisations du monde du travail peuvent nous contacter si elles souhaitent soutenir idéalement le projet de recherche, afin que nous puissions ajouter leur association à la liste des organisations de soutien.
* Thomas Bolli, Katherine M. Caves, Filippo Pusterla, Ladina Rageth, Ursula Renold, Aranya Sritharan, Sandra Trachsel Díaz-Tejeiro. Adresse de contact : ursula [dot] renold [at] mtec [dot] ethz [dot] ch