La numérisation augmente la satisfaction au travail des diplômés ES, même pendant la Covid-19
La numérisation affecte la satisfaction au travail. Nous allons examiner ici comment la numérisation a touché le travail des diplômés ES et quel impact elle a sur la satisfaction au travail.
Par Thomas Bolli, Filippo Pusterla, Ursula Renold*
Les conséquences de la pandémie de Covid-19 ont fortement touché nos habitudes de travail. La plupart des gens ont travaillé dans le cadre de mesures de protection renforcées ou ont connu une augmentation significative du télétravail. Ces changements peuvent accélérer ou ralentir les processus de numérisation tels que l’automatisation et la surveillance des processus de production, l’analyse des données et la gestion de la relation client. La question se pose donc de savoir comment ces processus de changement touchent le quotidien professionnel et si l’impact de la numérisation sur la satisfaction au travail a changé par rapport à la situation antérieure à la pandémie de Covid-19.
Cet article examine donc, sur la base d’une enquête menée en 2021 auprès de près de 4'000 diplômés ES, comment la numérisation affecte leur quotidien professionnel et quelles en sont les conséquences sur leur satisfaction au travail. Pour permettre une comparaison, nous nous appuyons également sur les données des enquêtes de 2017 et 2019.
Comment la numérisation affecte- t-elle le travail et la satisfaction au travail ?
La figure 1 montre pour les années 2017, 2019 et 2021, dans quelle mesure la numérisation a influencé le travail et si la numérisation a diminué ou augmenté la satisfaction au travail. L’importance de l’impact sur le travail a été mesurée sur une échelle de un (pas de changement) à cinq (changement important). Pour l’impact sur la satisfaction au travail, l’échelle va également de un à cinq, à la différence qu’ici les répondants devaient indiquer si la numérisation les rendait moins satisfaits (=1), si elle était sans effet (=3) ou si elle les augmentait leur satisfaction (=5).
Les résultats montrent que la numérisation a un fort impact sur le travail. Mais si le score moyen est resté relativement constant entre 2017 et 2019, une baisse a été constatée en 2021. La moyenne a chuté de 3.4 à 3.1. Il semble donc que, dans l’ensemble, l’impact de la numérisation ait diminué. Cela peut avoir un lien avec la pandémie de Covid-19, dont l’impact a pu réduire l’adoption de nouvelles technologies.
En ce qui concerne l’impact de la numérisation sur la satisfaction au travail, le score moyen est heureusement supérieur à trois, ce qui signifie que la numérisation augmente cette satisfaction. De plus, la valeur a augmenté lentement mais sûrement, pour atteindre une valeur de plus de 3.5 en 2021. Ainsi, la pandémie ne semble pas avoir ici eu un impact négatif sur la dynamique déjà existante, mais plutôt un impact positif, grâce par ex. à une plus grande flexibilité due au télétravail.
Ces deux résultats suggèrent que si le rythme de la numérisation s’est ralenti, son impact sur la satisfaction au travail reste positif. Toutefois, il est important de souligner que ces valeurs sont une moyenne et qu’il y a des répondants pour qui la numérisation a un impact moindre, voire négatif. Ces différences entre les différents groupes de personnes doivent être étudiées de plus près.
Différences par domaine ES
La figure 2 montre l’impact de la numérisation sur le travail, ventilé selon les différents domaines des études ES. Les résultats montrent que la numérisation a l’effet le plus faible sur le travail dans le domaine «Arts visuels, Arts appliqués et Design». Un effet un peu plus important peut être observé dans le domaine «Social et Formation des adultes». Dans les domaines «Agriculture et Economie forestière», «Santé» et «Technique», la numérisation a en moyenne un impact fort sur le travail. Quant à l’impact de la numérisation dans le domaine «Restauration, Tourisme et Economie familiale» et surtout dans le domaine «Economie», il est supérieur à la moyenne.
La figure 3 montre les effets de la numérisation sur la satisfaction au travail dans les différents domaines. Le domaine «Social et Formation des adultes» affiche une valeur de 3, ce qui signifie qu’en moyenne, la numérisation n’a d’effet ni positif ni négatif sur la satisfaction au travail. Dans le domaine «Santé», l’effet est légèrement supérieur à 3, ce qui indique un effet légèrement positif. Les domaines «Agriculture et Economie forestière», «Technique» et «Restauration, Tourisme et Economie familiale» ont un effet encore un peu plus positif. Il convient également de relever la valeur du domaine «Arts visuels, Arts appliqués et Design», qui est le moins touché par la numérisation mais qui a un effet nettement positif sur la satisfaction au travail. Quant au domaine «Economie», il se distingue non seulement parce qu’il est le plus touché par la numérisation, mais aussi parce que les répondants évaluent son impact sur la satisfaction au travail le plus positif. À l’exception des «Arts visuels, Arts appliqués et Design», une plus grande influence de la numérisation tend donc à aller de pair avec une appréciation plus positive.
En résumé, nous constatons que l’impact de la numérisation sur le travail a connu des changements minimes sur la période de 2017 à 2021. Cependant, il existe des différences frappantes entre les différents domaines ES. Le domaine «Economie», i.e. une grande partie de l’économie des services, est le plus touché. Les résultats sur la satisfaction au travail montrent que ce changement est perçu comme positif par la majorité dans le domaine «Economie».
Perspective – Le rôle du télétravail et son impact sur la satisfaction au travail
Outre la numérisation des processus de production et de distribution, la pandémie de Covid-19 a également entraîné une forte augmentation du télétravail. Cela se reflète également dans l’enquête auprès des diplômés ES. En 2020, deux tiers des personnes interrogées travaillaient en télétravail, dont 95% nettement plus qu’en 2019. Une question importante est de savoir comment cette évolution a affecté la satisfaction au travail. Cet aspect fera l’objet de notre prochain article dans le Bulletin de l’ODEC.
* Chaire de systèmes éducatifs ETH Zürich